la musique des mots (Textes)

grands pères 
discrets jardiniers du bonheur 

 

 Se serrer la ceinture ? 
  l'expression devait bien amuser grand père
  lui qui ne portait que des bretelles... 
  Il pouvait travailler le potager sans trop souffrir

 


Clos fleuri
sur la rue une petite porte grise peinture écaillée 
il faut vraiment être intronisé pour entrer dans ce royaume
lieu de petites ou grandes découvertes, d'apprentissages.
pelle / râteau 
petits pois / pommes de terre 
fraises des bois / neige de sucre...
même les enfants comprennent vite ces associations incontournables

 


Sanctuaire 
des jeux des confidences des siestes d'été sous les cerisiers
lieu de rêves, d'émerveillements silencieux 
bassin gelé le poisson est encore là
juillet les "tourniquets" grandes araignées tournent et tournent en rond 
un escargot tête en bas prend sa douche
Pépé ! On plante des haricots ?

 


Solex
tant de choses à dire 
complément indispensable du jardinier.
sur le porte bagage, le "Mussy", cagette en peuplier, ovale et profonde
retour du Clos 
pommes de terre nouvelles, journal et glaïeuls pour "la mémé"
dimanche une brioche pour les gosses
le petit moteur ronronne doucement, un peu comme les tourniquets d'arrosage
si on est sage on peut monter à l'arrière tiens toi à ma veste
le Solex était vraiment le prolongement fusionnel  du  pépé

 


Merci,  "Pépé", pour les fraises des bois...

...et tout le reste !



Potager, bretelles et Vélosolex

saltimbanques

 

ils sont venus
de très loin
de partout et nulle part
musiciens magiciens
troubadours baladins
funambules acrobates
cracheurs de feu montreurs d'ours
diseuses de bonne aventure
en roulotte un singe vous ouvre la porte
un chat noir cligne de l'œil au perroquet
et renverse le marc de café la boule de cristal 
bateleurs jongleurs bonimenteurs
à votre bon cœur
nains hystériques géants baveux monstres uniques au monde
ils arrivent encore
des gueux des vieillards des enfants
des gitanes implorent le ciel et vous transpercent d'un regard
des moines impassibles
des lapins ventriloques
aux portes de la ville
ils arrivent encore
pour des jours de farces, de vols, de ricanements, de pleurs
de bonheur
odeurs lourdes
vin sueur cannelle fumée sucre 
rouges baraques jaunes tambourins noirs jeux de massacre
tout est permis
le vent du soir n'emportera rien

Je t'emmènerai

à mes semelles
sans le vouloir
accent croyances couleur de peau
je vous emmènerai
sans doute ou peut-être 
pour vous perdre

 

j'emmènerai dans ma poche
un couteau pour bâtir des cabanes
un mouchoir pour essuyer les larmes 
ou le sang
j'emmènerai un bout de pain 
pour repartir encore

 

dans mon coeur
je t'emmènerai
pour partager les petits matins les grands soir
je t'emmènerai plus loin qu'un matin à l'horizon 
je t'emmènerai dans mon coeur
pour ne pas voler
ta liberté